‘Nature’ et ‘Science’, de la désinformation ?

Le 26 septembre, j’affichais sur mon compte LinkedIn un commentaire éditorial de la célèbre revue Nature faisant référence à un article de la revue Science, en l’accompagnant d’un très court commentaire un peu grinçant. La réplique n’a pas tardé.

J’ai tenté d’utiliser l’option d’appel proposée par le média, supposée permettre un plaidoyer de défense, mais sans parvenir à compléter la procédure…

J’en conclus qu’aujourd’hui, attirer l’attention sur un éditorial publié dans Nature équivaut à de la désinformation et je m’inquiète pour la diffusion de la science auprès du public.

Je mentionne donc à nouveau – et cette fois via mon blog – cet article qui me semble mériter mieux que de l’indifférence. Et je me fends ici d’une étude bibliographique beaucoup plus étendue qui montre bien que l’article en question est loin de concerner une observation isolée et qu’une grande vigilance quant à l’appréciation des risques par rapports aux bénéfices reste de mise.


Suite à mes interventions publiques appelant à la prudence quant à l’utilisation de vaccins à ARN messager, j’ai reçu de la correspondance de femmes signalant des perturbations de leur cycle menstruel post-vaccination, dès 2021. Bien sûr, il ne s’agit là que d’informations purement anecdotiques et sans le moindre support statistique, que j’ai donc reléguées au rang du bruit de fond mais gardées dans la liste des phénomènes à tenir à l’œil.

Ce souci est ensuite apparu de façon plus sérieuse en 2022 avec la publication d’articles scientifiques relatant des troubles menstruels qui, disaient les auteurs, apparaissaient à des fréquences jamais observées lors des campagnes de vaccination précédentes. Ces articles ont paru dans des journaux de haute tenue : dans une ‘News’ de Science, un article dans BMC Women’s Health par une équipe chinoise, un autre dans Obstetrics and Ginaecology par des israéliens, un autre encore dans PMC Med (Wars) par des italiens ou dans BMJ Medicine par des norvégiens. En outre, une revue récente de ce phénomène, de ses conséquences et des mécanismes potentiellement impliqués est parue en août 2023 dans Journal of Reproductive Immunology. Divers rapports concernent également des dérèglements menstruels importants après vaccination anti-Covid-19 chez des jeunes filles n’ayant pas vécu de grossesse, notamment en Norvège.

Ces perturbations ne faisaient pas partie de la liste des dérèglements à observer lors des essais cliniques de vaccination et sont donc passées inaperçues lors de ces tests préalables en 2020 et, plus étonnant, les années suivantes. L’Agence Européenne des Médicaments a récemment décidé que les informations relatives aux vaccins à ARNm devaient être mises à jour afin d’inclure les saignements menstruels abondants parmi les effets secondaires potentiels. L’initiative est évidemment tardive mais, vu la relance des vaccinations anti-Covid-19, elle est judicieuse.

Une étude par l’équipe norvégienne déjà citée a été publiée dans Science (Science Advances) ce 22 septembre 2023. Elle est relayée en commentaire dans les ‘News’ de Nature. Elle se penche sur les saignements vaginaux abondants chez des femmes non-réglées (ménopausées ou sous contraception chimique). Il ne s’agit donc plus ici de dérèglements menstruels mais de saignements inattendus. Des observations de cet ordre ont déjà été rapportées dans des suivis de pharmacovigilance aux Pays-Bas, en Suède, en Norvège, aux USA et au Canada.

On sait par ailleurs qu’il existe une relation entre les saignements après ménopause et le cancer de l’endomètre utérin (rapporté dans JAMA Intern Med, 2018), une attention particulière semble donc pour le moins indiquée.

2 commentaires sur “‘Nature’ et ‘Science’, de la désinformation ?

  1. Que les quelques derniers blogs de cette série ne suscitent pas de commentaires ne témoigne-t-il pas de la « prise en charge » de la connaissance scientifique par la politique comme l’est, depuis belle lurette, celle d’une information objective sur à peu près n’importe quel objet. Me trompé-je lourdement et la suite de mon propos est-il « à côté de la plaque » ?
    Le réseau LinkedIn reproche à l’auteur d’avoir volontairement interprété « de travers » le but des articles incriminés ? Il serait instructif de savoir ce que LinkedIn a écrit à Nature ? Faut-il considérer LinkedIn (et les réseaux de la même eau) comme d’aucuns révèrent les Évangiles ?
    L’auteur signe donc et creuse derechef sa « tombe » en dévoilant des troubles menstruels importants post-vaccinaux-Covid – déjà signalés – et, eux aussi, gardés (i.e. tus) sous le sceau d’une discrétion difficilement justifiable.
    La politique – au sens général le plus péjoratif du terme – a fait considérer normale l’organisation de l’enseignement à tous les niveaux (les programmes). Comment ne pas croire légitime de s’en prendre à la poursuite de la connaissance en général ?
    Aveu : danger de faire confiance aux enseignants comme aux chercheurs scientifiques qui pourraient critiquer le respect qu’il serait bon d’avoir envers les décisions politiques. Autre aveu (moins révélateur ?) : les réseaux dits sociaux sont politisés malgré leurs protestations d’indépendance. Quod erat demonstrandum ?

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    1. Il y a des commentaires, même s’ils sont peu nombreux en effet. Je ne sais qu’en conclure. Par ailleurs, « la politique » est dans ce cas-ci (comme probablement dans d’autres) relativement complexe. Cela comprend les hommes et femmes politiques mais également la presse et les « experts », avec un brouillage des pistes au niveau des réseaux dits sociaux.
      Nous ne saurons jamais ce que LinkedIn a écrit à Nature. Je ne pense même pas qu’il l’ait fait (pourquoi l’aurait-il fait ?!). Le censeur, chez LinkedIn, pourrait être un délateur comme on le suspecte souvent, ou plutôt, je pense, un robot. Ou les deux.
      Pour le reste, chacun est libre d’avoir ses opinions sur l’enseignement, les programmes, la connaissance et l’asservissement éventuel aux forces politiques… personnellement, je constate une dérive que je trouve inquiétante (mais est-ce vraiment nouveau ?), toutefois je le refuse à croire à un complot structuré jusqu’à preuve tangible du contraire…

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