Spike et myocardite

Dans la très respectable revue ‘Circulation’ (le journal officiel de l’American Heart Association) de ce mercredi 4 janvier 2023, est paru l’article : «Circulating Spike Protein Detected in Post–COVID-19 mRNA Vaccine Myocarditis» qui a immédiatement attiré l’attention des spécialistes et fait déjà grand bruit.

On reconnaît actuellement que les myocardites font partie des effets indésirables des vaccinations anti-Covid, particulièrement chez les adolescents et jeunes adultes mâles. À cet égard, diverses hypothèses de causalité ont été proposées. Toutefois, la corrélation entre myocardite post-vaccinale et protéine Spike circulante dans le sang n’avait jamais été formellement établie.

Les auteurs de l’article de ‘Circulation’ dont il est question ici indiquent que réponses immunitaires induites par le vaccin à ARNm ne diffèrent pas selon qu’ils aient développé une myocardite ou non. Toutefois, la protéine Spike (l’antigène vaccinal) a été détectée, circulant librement dans le sang de ceux qui ont développé une myocardite post-vaccinale (par ARN messager) et non chez les autres, ce qui suggère fortement une relation potentielle de cause à effet. Comme on pouvait s’y attendre, les jeunes patients atteints de myocardite présentaient également des taux sanguins plus élevés de cytokines – un indicateur d’inflammation – et de troponine, un signe de lésion cardiaque.

Suspectée depuis la mise en œuvre de la vaccination anti-Covid, la libre circulation de la protéine Spike du SARS-CoV-2 dans l’organisme des vaccinés, susceptible de provoquer des pathologies diverses, a toujours été niée véhémentement par les compagnies productrices des vaccins et par de nombreux membres de la communauté scientifique, sans réelle vérification rigoureuse. Sa simple évocation comme éventualité méritant une investigation a fait, depuis deux ans, régulièrement l’objet de dénégations péremptoires, sans compter les railleries de la part de nombreux «experts». Des chercheurs ont cru pouvoir évacuer cette préoccupation en montrant que la protéine Spike n’avait pas de similitude conformationnelle avec les protéines impliquées dans les myocardites, mais cette argumentation par défaut tient plus du biais de confirmation que de la démonstration scientifique.

De nombreuses publications font état d’une possible relation entre vaccination anti-Covid-19 et myocardites, surtout chez les hommes jeunes. D’une manière générale, la réfutation des alertes et des appels à la prudence est basée sur l’affirmation selon laquelle les myocardites post-vaccinales seraient rares et sans réel danger. Sur cette base, la vaccination des enfants, adolescents et jeunes adultes resterait de mise, même à un moment où le risque de Covid-19 est extrêmement réduit pour les individus de cette tranche d’âge. Or, si le risque de développer une myocardite après la première ou la deuxième dose du vaccin est de 1,76 / 100.000 pour la population générale, il grimpe à 13,73 / 100.000 pour les sujets mâles âgés de 16 à 19 ans.

L’inquiétude souvent manifestée depuis deux ans quant aux effets indésirables des vaccins à précurseur génétique provenait notamment (et repose encore aujourd’hui) sur le fait que la production de protéine Spike par les cellules transfectées par l’ARN messager (Pfizer, Moderna) ou l’ADN correspondant en virus vecteur (Astra-Zeneca, Johnson & Johnson) est incontrôlable et incontrôlée et peut varier considérablement d’une personne à une autre, voire même d’une injection à l’autre (puisque plusieurs sont nécessaires). On trouvera des informations sur la circulation de la protéine Spike dans bon nombre d’articles tels qu’ici ou ici, par exemple.

On sait aujourd’hui que la protéine Spike libre est une candidate sérieuse à la responsabilité d’effets indésirables. L’article de ‘Circulation’ apporte un élément déterminant qui renforce cette suspicion et il devrait être considéré comme un appel à une vigilance toute particulière quant à l’équilibre bénéfice/risque de la vaccination anti-Covid-19 chez les adolescents et les jeunes adultes. Cette prudence doit évidemment être prise très sérieusement en considération lors de l’examen de la mise en application d’une éventuelle reconsidération de l’obligation vaccinale pour le personnel soignant.


Note a posteriori : article publié dans Cardio-on-line le 24/10/2022.

13 commentaires sur “Spike et myocardite

  1. c130554

    C’est bien dommage que ce soit seulement maintenant que l’on en parle …difficile de donner encore sa confiance à ce type de scientifiques …et au plique…mais est-ce étonnant ?
    Merci Mr Rentier.
    I.Dardenne

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    1. Ce n’est pas seulement maintenant qu’on en parle, c’est depuis le début des vaccinations Covid qu’on appelle à la prudence, comme vous le verrez dans les références de mon post. Mais c’est seulement maintenant que sort une étude sérieuse sur la corrélation entre Spike circulante et myocardite. Cela nécessitait une attention particulière et un programme de recherche…

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  2. Van Den Dooren

    Bonjour et merci B. Rentier. Continuez autant que vous pouvez à contrebalancer de façon factuelle les infos dites mainstream svp. Bonne année 2023!

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  3. Arnaud

    Bonsoir Pr Rentier,

    Merci pour votre post et avant tout bonne année et meilleurs vœux à vous.

    A votre connaissance :

    1) Existe-t-il une étude qui compare les taux de survenue de myocardite entre non-vaccinés, vaccinés une dose, vaccinés 2 dose, etc… ?

    2) Existe-il une étude qui compare les taux de Spike (spike virale + spike vaccinale) circulante entre non-vaccinés sans myocardite, non-vaccinés ayant développé une myocardite, vaccinés sans myocardite et vaccinés ayant développés une myocardite ?

    3) Existe-t-il une étude qui par âge compare le taux de mortalité suite à une myocardite post-vaccinale et le taux de mortalité par la COVID-19 chez des personnes qui dans les 2 cas ne présentaient pas de comorbidité ?

    4) Existe-t-il une étude (par exemple rétrospective sur dossier patient) qui chercherait à mettre en évidence des caractéristiques que l’on retrouverait chez les vaccinés ayant développé une myocardite/présentant des taux élevés de Spike circulante VS vaccinés n’ayant pas développé de myocardite/présentant de faible taux de Spike circulante ? Dans les caractéristiques, il serait également intéressant de pouvoir avoir accès au lot auquel le vaccin reçu appartenait.

    Encore merci pour vos posts,

    Bonne soirée,

    Arnaud.

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    1. Excellentes questions, pratiquement toutes sans réponse disponible. Pour la 1), on lit surtout que les myocardites apparaissent après la 2e dose, mais sans plus de précisions. Et quand on en a, il y a une période de 14 jours après injection qui n’est pas prise en compte pour cette injection-là…
      2) pas à ma connaissance.
      3) pas à ma connaissance.
      4) pas à ma connaissance. Le plus approchant est https://link.springer.com/article/10.1007/s00392-022-02129-5 mais ça ne répond que très partiellement à votre question.

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      1. Effectivement, mais les conclusions sont de deux ordres : 1) le risque de cardiopathie lié à l’infection naturelle serait supérieur à celui de la vaccination ; 2) les risques s’inversent chez les hommes (et, dans une moindre mesure, les femmes) jeunes.
        On en revient de nouveau à la préoccupation sans cesse répétée depuis le début : le (ou la) COVID-19 est une maladie qui doit être examinée, analysée et gérée par tranches d’âge et de la manière la plus fine et précise possible, ainsi que par catégories de comorbidités. Autrement dit en tenant compte des ‘terrains’ à risque.

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  4. Leonard Theron

    Évaluation du risque myocarde sur 42 millions de patients

    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35993236/#:~:text=The%20risk%20of%20myocarditis%20was,40%20years%20for%20all%20vaccines.

    Le risque qui agit en post vaccination est aussi observé après une infection naturelle.

    Le risque de développement d’une myocardite post SARS-CoV-2 chez les jeunes hommes de moins de 40 ans est de 0,003-0,007%

    Il est deux fois plus important après une infection naturelle qu’après une vaccination pour le même risque étudié.

    Cela signifie que le mécanisme lié à la myocardite est identique probablement pour les infections naturelles.

    Analyse critique du propos : le risque existe 0,007% de développer une myocardite post vaccination chez les hommes de moins de 40 ans.

    Ce risque semble lié à la quantité de protéines spike libre générée par la production cellulaire via vaccination ou infection.

    Le risque relatif demeure deux fois plus élevé après une infection naturelle (biologiquement logique vu le niveau de réplication virale). Néanmoins vu l’ampleur d’un plan de vaccination général, il convient d’informer les patients sur le risque, qui n’affecte pas pour le moment la balance bénéfice risque de la vaccination par rapport à l’infection naturelle selon les auteurs des deux articles.

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  5. joss

    « In men younger than 40 years old, the number of excess myocarditis events per million people was higher after a second dose of mRNA-1273 than after a positive SARS-CoV-2 test (97 [95% CI, 91–99] versus 16 [95% CI, 12–18]). »
    Chez les hommes de moins de 40ans, le risque de développer une myocardite est 6x plus élevé après vaccination vs infection. Enorme par rapport aux autres catégories de la population.

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  6. […] (pour une revue générale de cette question qui devrait être pour le moins préoccupante , lire ce blogpost). Les quelques références qui suivent devraient suffire à promouvoir, en ce temps d’accalmie […]

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  7. […] : « Myo/péricardites post-vaccinales : des questions non résolues » en novembre 2022, « Spike et myocardite » en janvier 2023, « Injecter ‘Spike’ dans notre organisme, un vrai jeu de mikado » en […]

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