Si le profil de la pandémie change, est-ce bien le moment de légiférer sur une obligation vaccinale ?

Un article publié dans The Lancet le 19 janvier envisage la perpétuation de la Covid-19 mais la fin de la pandémie. En voici une synthèse et quelques réflexions.

Le variant ‘omicron’ du SRAS-CoV-2 prend le pas sur ses prédécesseurs. Selon les auteurs, des estimations basées sur les modèles de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) suggèrent qu’il y a, en cette mi-janvier 2022, environ 125 millions de nouvelles infections par ‘omicron’ par jour dans le monde, soit plus de dix fois le pic de la vague ‘delta’ en avril 2021 et une augmentation de plus de 30 fois depuis début décembre.

Jusqu’à présent, seuls quelques pays d’Europe de l’Est, d’Afrique du Nord, d’Asie du Sud-Est et d’Océanie ne sont pas atteints. Cependant, les cas de maladie COVID-19 enregistrés durant cette période n’ont été multipliés que par six. Comme la proportion de cas asymptomatiques ou bénins a augmenté fortement par rapport aux précédents variants, le taux de détection des infections aurait diminué à l’échelle mondiale, passant de 20 % à 5 % (NB: ce n’est pas le cas en Belgique, où le taux de positivité rapporté par Sciensano ce 20 janvier est de 35,2 %, probablement en raison d’un ciblage plus précis des prélèvements effectués).


Une revue systématique basée sur les précédents variants du SRAS-CoV-2 a suggéré que 40 % des infections étaient asymptomatiques. La proportion d’infections asymptomatiques est beaucoup plus élevée pour le variant omicron, éventuellement 80 à 90 % comme rapporté en Afrique du Sud. L’enquête sur les infections menée par l’Office for National Statistics (ONS) du Royaume-Uni a estimé la prévalence ponctuelle de l’infection par le SRAS-CoV-2 détectée par PCR en Angleterre était de 6,85 % la première semaine de janvier 2022. Aux États-Unis où la proportion d’infections asymptomatiques est beaucoup plus importante, le rapport entre les hospitalisations liées au COVID-19 et les cas détectés hospitalisés a diminué d’environ 50 % dans la plupart des États par rapport aux pics précédents. La proportion de patients hospitalisés pour le COVID-19 en unités de soins intensifs a diminué de 80 à 90 % au Canada et en Afrique du Sud.

La gestion de risque, qui doit remplacer la gestion de crise entre les pics épidémiques et dans les périodes inter-épidémiques, est une nécessité bien connue et maintes fois réaffirmée. Dans un excellent document de l’OMS composé de ‘slides’ de présentation, daté de 2018 (voir la ‘slide’ n°21), le renforcement prévisionnel du système de santé des états était clairement précisé et recommandé.

Une proportion importante des admissions à l’hôpital classées « COVID-19 » concerne des personnes hospitalisées pour des raisons autres et trouvées positives en PCR pour le SARS-CoV-2. En outre, un grand nombre de soignants sont testés positifs et mis en quarantaine, ce qui exerce une double pression sur les hôpitaux. Les données en provenance de Grèce permettent toutefois d’espérer que les conséquences graves de la vague omicron pour le COVID-19 seront limitées ; entre le 21 décembre 2021 et le 17 janvier 2022, les cas de COVID-19 ont été multipliés par près de 10, mais le nombre d’intubations chez les patients hospitalisés pour le COVID-19 est resté le même qu’en décembre.

Étonnamment, les modèles de l’IHME suggèrent que l’intensité de transmission de l’omicron est si élevée que les mesures sanitaires telles que l’augmentation de l’utilisation des masques, l’extension de la couverture vaccinale chez les non-vaccins, ou les doses « booster » dans les prochaines semaines auront un impact limité sur la vague d’omicron. Les estimations de l’IHME suggèrent que l’augmentation de l’utilisation des masques à 80% de la population, par exemple, ne réduira que de 10% les infections cumulées au cours des 4 prochains mois. Il est peu probable que l’augmentation des rappels du vaccin COVID-19 ou la vaccination des personnes qui n’ont pas encore été vaccinées aient un impact substantiel sur la vague d’omicron, car au moment où ces interventions seront étendues, la vague sera très probablement terminée. Les études du Johns Hopkins Coronavirus Resource Center montrent que la vague omicron semble atteindre son point culminant 3 à 5 semaines après le début de l’augmentation exponentielle des cas signalés. Au 17 janvier 2022, les vagues omicron atteignaient leur pic dans 25 pays de cinq régions de l’OMS et dans 19 États des États-Unis. On s’attend à ce que le pic omicron se produise dans la plupart des pays d’ici la deuxième semaine de février 2022. Les pics omicron les plus tardifs devraient se produire dans les pays où la vague omicron n’a pas encore commencé, comme en Europe de l’Est et en Asie du Sud-Est.

Les mesures visant à renforcer le dépistage du SRAS-CoV-2, par exemple, sont susceptibles d’exclure davantage de personnes du travail ou de l’école, mais il est peu probable qu’elles aient un impact sur le cours de la vague omicron. À l’ère de l’omicron, les stratégies de contrôle du COVID-19 doivent être repensées. Compte tenu de la vitesse et de l’intensité de la vague omicron, les efforts pour suivre sa trace semblent futiles.

Les auteurs pensent que de nouveaux variants du SARS-CoV-2 vont apparaître et certaines pourraient être plus graves qu’omicron. L’immunité, qu’elle soit due à l’infection ou à la vaccination, diminuera, ce qui créera des possibilités de transmission. Compte tenu de la saisonnalité, ils signalent qu’on doit s’attendre à une augmentation du potentiel de transmission pendant les mois d’hiver.
Toutefois, ils considèrent que l’impact de la transmission du SARS-CoV-2 sur la santé va se réduire en raison d’une large exposition antérieure au virus, de l’adaptation régulière des vaccins aux nouveaux variants, de l’arrivée des antiviraux et du fait que l’on sait que les personnes vulnérables peuvent se protéger lors des futures vagues, si nécessaire, en utilisant des masques de haute qualité et en conservant une distance physique minimale.

Selon eux, la COVID-19 deviendra ainsi une autre maladie récurrente que les systèmes de santé et les sociétés devront gérer. Par exemple, le nombre de décès dus à l’omicron semble être similaire, dans la plupart des pays, à celui d’une mauvaise saison grippale dans les pays de l’hémisphère nord. Les CDC US ont estimé que la pire saison grippale de la dernière décennie, en 2017-18, a causé environ 52.000 décès dûs à la grippe, avec un pic probable de plus de 1.500 décès par jour. « L’ère des mesures extraordinaires prises par les gouvernements et les sociétés pour contrôler la transmission du SRAS-CoV-2 sera révolue. Après la vague omicron, le COVID-19 reviendra, mais pas la pandémie ».

L’heure n’est donc pas propice à la mise en place de mesures durables alors que l’estompement du profil épidémiologique de la COVID-19 semble se confirmer.

7 commentaires sur “Si le profil de la pandémie change, est-ce bien le moment de légiférer sur une obligation vaccinale ?

  1. Patrick

    La sortie de crise est souvent beaucoup plus difficile à gérer que la crise. Lors d’une crise, les mesures doivent être prises, le contexte est clair. La sortie de crise, c’est choisir entre prendre un risque en levant les mesures, ou prolonger les mesures pour ne pas prendre de risque. Lors de la crise de la peste porcine africaine au sud du pays, les mesures ont été prolongées près de deux ans après le dernier cas documenté, alors que la durée de survie du virus dans l’environnement est très courte. Parce que prolonger les mesures permet de ne pas prendre de risque, alors que lever les mesures suppose d’assumer un risque de reprise de l’épidémie. Idéalement il faudrait confier à des personnes différentes la gestion de crise et la sortie de crise, parce que les personnes qui ont eu à gérer la crise craignent que leurs efforts aient été vains si l’épidémie reprend. Ils ont du coup tendance à prolonger les mesures alors qu’elles ne sont plus nécessaires

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    1. Et c’est beaucoup plus grave quand dès mesures devenues facultatives, voire obsolètes sont imposées à toute la population avec les catastrophes sociétal es qu’on constate. Empêcher quelqu’un de faire son métier ou de se former est une responsabilité énorme.

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  2. Valérie Gérard

    Merci pour vos publications éclairantes et vos questionnement pleins de bon sens.

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  3. Hermans

    Très intéressant et encourageant. Mais le fait d’avoir pris l’habitude, au niveau politique et par les experts « officiels », de fournir des chiffres tous les jours dans les médias, crée une anxiété qui touche de plus en plus de monde, surtout en cette période de temps gris qui plombe un peu plus le moral. Le chiffre des décès dus à la grippe aux États-Unis, en 2017-2018, devrait permettre de relativiser la situation de la Covid-19 actuelle, mais les commentaires sur cette situation sont quasi inexistants dans les médias. À titre d’information, le jour ou j’ai réalisé ma dose booster, soit plus de 6 mois après la 2ème dose, mes anticorps pour lutter contre le SARS-Cov.2 étaient 53 fois supérieurs à ce qui était nécessaire pour combattre la maladie. J’ai fait la Covid 19 en février 2021 et j’ai apparement une très bonne immunité depuis lors. Je suis pourtant considéré comme personne à risque, car j’ai plus de 65 ans.

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    1. Hé oui. Ne cherchons pas la logique. Il est plus simple d’appliquer la même règle à tout le monde, sans discernement.

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  4. Alain Hensenne

    A replacer dans notre contexte:
    Pour notre pays, la Belgique, ce 25/01/2022, les chiffres de Sciensano donne 28800 décès et 2800000 cas confirmés.
    CFR cumulé de 28800/2800000 ~ 0.1 % -tous variants confondus-.
    Le CFR directement lié à Omicron n’est pas encore connu précisément; je me réjouis de le découvrir.
    Bref, en tenant compte des mauvais chiffres du début, et du fait que l’on ne meurt qu’une fois, nous en sommes actuellement à un CFR de grippe asiatique (sur deux ans d’épidémie).

    En décembre, notre gouvernement a essayé de prendre une mesure d’avance sur le sars-cov2. Ömicron en a décidé autrement, nous arrivons à 2.65 X le pic de la dernière vague, sans que les soins intensifs ne se remplissent en proportion.
    Concernant les jeunes (0-19) les chiffres ont été multiplié par 9, entre la dernière semaine de décembre et la troisième semaine de janvier.
    Ce n’est pas fini.

    https://en.wikipedia.org/wiki/Case_fatality_rate
    https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_human_disease_case_fatality_rates

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  5. Quelqu’un peut-il informer tous ces fans de l’obligation vaccinale que le variant Omicron a remplacé le variant Delta… et que depuis:
    1. Avec Omicron, les vaccins actuels sont autant inefficaces sur les vaccinés que sur les non vaccinés.
    2. Avec Omicron, vu sa très faible dangerosité, même s’il contamine énormément, il n’y a pas plus de non vaccinés que de vaccinés qui sont infectés et, encore moins en réa voire de morts (les derniers chiffres le prouvent déjà).
    3. Avec Omicron, le temps que, par contrainte, le vaccin obligatoire soit mis en place et effectivement réalisé…, la pandémie (fin prévue vers mars-avril) sera terminée et se transformera en grippe saisonnière.
    Et ne parlons même pas des contraintes liberticides, du respect du corps de chacun, de l’abject « débat » des non vaccinés qui coûteraient, qui contamineraient… alors qu’il est prouvé que ceci est faux et ne sert que la « propagande ToutVax »!.
    Ainsi, l’obsession de l’obligation vaccinale qui, de fait, depuis Omicron, ne peut plus être défendue par ces « élites » du ToutVax au nom de l’intérêt sanitaire, du bien pour le « peuple » est donc mue par d’autres intérêts bien compris du pouvoir politique (Control-Pass citoyen) et/ou du pouvoir scientifique (Abonnement Pfizer à 1,2,3,4,? doses à 6,4,3,? mois de délai). ☹️

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