Publier un article de recherche pour 9.500 €, c’est dans vos cordes ?

Springer Nature, la société mère de la série de revues ‘Nature’, permettra pendant 4 ans aux chercheurs affiliés à environ 120 institutions allemandes de publier chaque année, à partir de 2021, environ 400 articles en Open Access dans ses 34 titres. L’accord sera proposé aux institutions qui sont actuellement abonnées à la série des revues ‘Nature’ et la Max Planck Society, avec ses 86 instituts de recherche, a déjà signé. Seuls les articles provenant d’institutions signataires seront en Open Access. L’éditeur estime qu’environ 3,5 % des articles de ses revues seront concernés.

Les institutions qui s’inscrivent paieront un montant fixe qui couvre la lecture et la publication ouverte d’articles dans les 34 revues, ainsi que l’accès aux articles de 21 titres de ‘Nature Reviews’. La redevance est calculée sur la base de l’estimation selon laquelle le coût moyen de chaque article en Open Access se monterait à 9.500 €, un coût que de l’éditeur justifie par l’obligation d’évaluer un grand nombre d’articles dont 92 % sont rejetés.

[Source: The Scientist, Oct 21, 2020]

6 commentaires sur “Publier un article de recherche pour 9.500 €, c’est dans vos cordes ?

  1. Simone Jérôme

    Cela me paraît abusif. La peer review est nécessaire mais la plupart du temps elle est effectuée gratuitement par les peers. L’éditeur ne s’occupe que du volet administratif fort allégé par les techniques de communication actuelles.
    J’ai vu que des chercheurs (français, je crois) organisaient eux-mêmes la peer review pour certifier les preprints soumis à un site d’archives. C’est une piste intéressante.Les universités devraient reprendre la main à ce niveau. L’exemple de la Max Planck Society est un très mauvais signal.

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    1. La seule excuse de Nature est effectivement la montagne de soumissions qu’ils reçoivent et ils ont une équipe de gens, étonnamment jeunes, full time, qui opèrent une présélection avant même de décider à quel expert soumettre les manuscrits sélectionnés. En effet, tout le monde ou presque veut publier dans Nature. D’où la loi purement financière de l’offre et la demande. Beaucoup de chercheurs et leurs institutions sont prêts à en payer le prix.
      Il faut aussi dire qu’en termes d’évaluation, un article dans Nature surclasse immédiatement dans l’esprit de la plupart des évaluateurs, tous les curricula vitae concurrents… C’est donc le processus d’évaluation de la recherche et des chercheurs qui doit être fondamentalement revu.

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      1. Simone Jérôme

        Autrefois Nature, qui était déjà une revue prestigieuse, était publiée par un éditeur ‘classique’ qui faisait sérieusement son boulot et son prix était relativement modeste. Elle a été reprise par Springer, s’est mise à faire des petits et l’éditeur, comme un croupier, passe le râteau et rafle toutes les mises. Cela me rappelle le rachat des revues de Maxwell, qui elles étaient déjà chères, par Elsevier. Pour ces gens, l’OA c’est l’idée à torpiller. Par contre, le mot ‘gold’, ils s’en accommodent très bien. Je pense que la communauté scientifique est complice aussi longtemps qu’elle se laisse manipuler pour des questions de prestige et d’une concurrence exacerbée imposée par le modèle dominant de l’économie néolibérale.

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  2. Catherine Kounelis

    Je suis un peu perdue. Quels sont les titres concernés? A ma connaissance, Nature et les Nature Branded journals (comme Nature Materials, Nature Physics, …) ne sont pas hybrides. Ils sont des titres en abonnement. Ou ça a changé? Contrairement à Nature Communications ou Scientific Reports qui sont open access gold. Il serait intéressant de se procurer la liste des titres concernés.Il doit y avoir beaucoup de nouveaux titres. C’est un moyen pour l’éditeur de booster ses nouvelles revues.

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    1. Ils n’étaient pas hybrides. Ils le deviennent dans le cadre de cet accord, uniquement pour les chercheurs couverts par l’accord. Mais le modèle pourrait s’étendre. L’obligation de publier en OA, comme dans le cadre du Plan S, si on n’y met pas une limite de prix suffisamment basse, ne manquera pas d’amener d’autres consortia, dans d’autres pays, d’emboîter le pas. Un pactole en vue pour l’éditeur, dont il aurait tort de se priver, si on ne convainc pas le monde scientifique d’abandonner les critères de prestige dans l’évaluation des chercheurs. Un tel tarif ne peut que renforcer le prestige de ces revues: le prix, si on est prêt à le payer, est une garantie d’élitisme.
      Si on n’y prend garde, la révolution de l’Open Access s’annonce perdue. On n’en est pas loin.

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  3. PHB

    Je dépose ceci ici, discussion récente avec le « patron » d’un département chimie d’une université belge … « la plupart des publications ne tiennent pas la route, le bilan matière est bancal … » CQFD

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